Publié le 8 Décembre 2020

La chambre des dupes de Camille Pascal

Madame de la Tournelle amante du roi ou Reine de France

     Comment la favorite  devient-elle la femme la plus influente de France ?

  On suit la vie d’Anne-Marie de la Tournelle, future duchesse de Châteauroux et maîtresse du roi Louis XV. Grande stratège, elle gravit les échelons de la société mondaine à l’aide de son oncle le duc de Richelieu. Tous deux vont tenter de réussir « leur propre journée des dupes », leur propre révolution au sein de la cour.

      Comment ce livre a-t-il réussi à me tenir en haleine ?

    Camille Pascal nous replonge dans les méandres de la noblesse et de la royauté et nous emmène dans les lieux les plus prestigieux de France comme dans les splendides appartements de Choisy ou de Versailles. Elle nous emporte dans une histoire tout aussi entraînante que passionnante, en mélangeant habilement fiction et réalité.

    Le lexique à la fois simple et évocateur nous transporte aisément dans le contexte historique du XVIIIème siècle durant cinq-cents pages. La fluidité du rythme de lecture est maintenue grâce à des pauses musicales, des chansons satiriques écrites par le duc de Maurepas, ministre du roi. Elles permettent de critiquer tous les faits et gestes de la cour et souvent de la duchesse de Châteauroux. Cela crée une distance par rapport à la narration, en modifiant un temps le rythme simple du roman. Le texte est par ailleurs parsemé de lettres et l’auteure recourt aussi au langage populaire, voire vulgaire, ce qui rompt le rythme du roman, et l’égaye pendant un instant.

    Enfin, le lecteur peut être séduit par le personnage charismatique et frappant de Madame de la Tournelle, malgré ses valeurs morales douteuses. A travers ses sentiments sincères vis-à-vis du roi, on se surprend à s’attacher à cette figure féminine audacieuse, mais assoiffée de pouvoir et manipulatrice. Il est très intéressant d’observer les mœurs de cette époque et de voir combien les relations fraternelles sont mises au second plan : l’avidité du pouvoir domine, comme le montrent Anne-Marie de la Tournelle et sa sœur Louise de Mailly, ancienne maitresse du roi, quand la première accepte de devenir la favorite à condition que la seconde soit disgraciée.

     Et vous, serez-vous duc ou dupé ?

                                                                                    Lola 1G2

 

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 8 Décembre 2020

Mes fous de Jean-Pierre Martin

Tourbillon dépressif de fous

Jean-Pierre Martin nous plonge avec ironie dans la vie et les songes mélancoliques d'hommes.

  A trop forte dose, l’empathie, tant vantée par les médias et les psys, a son revers : la sensibilité aux malheurs d’autrui. Sandor Novick en est outré. Sylvain, son médecin et ami, lui prescrit la fréquentation de gens joyeux et équilibrés, le visionnage de comédies et le recours aux petits plaisirs de l’existence. " Quand il m’a conseillé de ne regarder que des films drôles, moi qui aime surtout ceux Lars von Trier, et plus que tout autre Melancholia, j’ai pensé à ma tante Jade que je n’ai vue qu’une fois, dont on ne parlait jamais, elle m’avait emmené voir Marx Brothers, elle ne pouvait voir que ça ma tante Jade, des Marx Brothers, peu de temps avant de suicider ". Sandor, cadre apprécié dans son entreprise, au bout d’un certain temps n’a plus supporté  " les masques, simagrées, les sourires postiches, la mélancolie sous les poses " de cette armée de directeurs.

En arrêt maladie, il arpente la ville. Sur les chemins, il fait des rencontres, toutes différentes, mais toujours les mêmes, ses fous qui lui disent leur vérité, répétant à l’envi le temps comme " Dédé le fou de météo " ou encore lui parlant de leurs songes comme " Laetitia et ses visions étranges ". Il s’interroge " Est-ce que j’attire les fous, ou bien est-ce moi qui cherche leur compagnie ? ". Au fil du temps, nombreux sont ceux qu’il écoute et soutient comme il peut, toujours empathique, toujours sensible à leurs blessures. " Je côtoie des folies étrangères pour tenter d’approcher l’énigme Constance ". Parce qu’au milieu de tous ces fous, il y a Constance, sa fille, schizophrène, affectueuse et violente à chaque émotion différée, que ni lui, ni son ex-femme Ysé, ni les médecins ne parviennent à sortir de son chaos intérieur.

Ce roman m’a vraiment plu, car j’ai véritablement réussi à m’identifier au personnage. Le choix de mettre un adulte comme personnage principal est judicieux, même si un adolescent aurait pu être à sa place. Car cet homme d’une quarantaine d’années, père de famille, est dépassé par beaucoup d’événements et ne sait comment gérer certains sentiments ou certaines situations ; comme un adolescent, il recherche sa douleur à travers autrui et essaie de la résoudre par la même occasion. Nouvelles similitudes avec le comportement adolescent à la fin du roman, quand le personnage part vivre seul, loin de tout problème. Les ados ont tendances à se refermer sur eux-mêmes quand leurs problèmes deviennent ingérables. Voilà pourquoi j’ai apprécié cette lecture : même si le personnage est un homme adulte, je pense que n’importe quel humain peut se retrouver en lui. 

Ozvan

 

 

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 8 Décembre 2020

Djaïli Amadou Amal – Les Impatientes

Munyal – La patience insoutenable

Née dans l’extrême nord du Cameroun, d’origine peule, et musulmane, Djaïli Amadou Amal, mariée à dix-sept ans dans le cadre d’un mariage forcé, a connu tout ce qui fait la difficulté de la vie des femmes au Sahel. Son troisième roman qui lui a valu le Prix Orange du livre en Afrique 2019, est d’abord paru sous le nom de Munyal ; les larmes de la patience en 2017 à Yaoundé ; il est ensuite sorti en France en 2020, sous le nom Les Impatientes.

Inspirée de faits réels, cette fiction retrace le destin de trois femmes et dénonce la condition féminine au Sahel.

Trois femmes, trois histoires, trois destins liés.

La première partie du roman retrace le destin de Ramla, une jeune fille de dix-sept ans qui aurait préféré finir ses études pour devenir pharmacienne et épouser Aminou, le jeune homme dont elle était amoureuse. Mais au lieu de cela, un de ses oncles (considéré comme une figure paternelle pour tous les enfants de la famille) l’a déjà promise à Alhadji Issa, un homme riche et âgé. Dans la concession qu’elle rejoint, l’épouse principale de son nouveau mari, la première, va s’avérer mauvaise et cruelle avec elle.

Hindou, la sœur de Ramla, est la narratrice de la seconde histoire. Elle est contrainte d’épouser son cousin Moubarak, violent et irrespectueux envers elle.

La troisième femme est Safira, coépouse de Ramla. Elle voit d’un très mauvais œil l’arrivée de cette dernière au sein du foyer et la considère d’ores et déjà comme sa plus grande rivale. En effet, elle prend mal le fait de partager son mari avec quelqu’un qui a presque l’âge de son propre enfant et qui est donc plus jeune et plus belle qu’elle, d’autant plus qu’elle était sa seule et unique femme depuis vingt ans.

Ces trois femmes sont différentes, mais partagent un même statut, qui est aussi un destin : « Une femme naît avant tout épouse et mère ».

L’écriture de Djaïli Amadou Amal est rythmée par la constante répétition du mot « patience » ou « munyal », la traduction en langage peul. Les proches de ces trois femmes ne cessent de leur répéter qu’elles doivent faire preuve de patience et considèrent que c’est la seule réponse envisageable par rapport à ce qu’elles subissent. Ils paraissent complètement indifférents face aux violences, aux viols et à la dépossession psychologique qu’elles endurent à cause de leur mari, de leur mariage forcé. La polygamie est monnaie courante, les violences conjugales sont considérées comme normales et le viol est fréquent. Face à cela, ces trois femmes doivent se taire, subir, se soumettre à leur mari, et apprendre à être patientes.

Mais qu’est-ce qui nous tient tant attaché à ce roman ? Que ressentons-nous face à leur situation ?

On découvre au fur et à mesure le destin de ces femmes, les épreuves qu’elles éprouvent. C’est un récit poignant, qui nous montre la triste réalité, choquante, de la vie des femmes au Sahel.

L’impuissance est le sentiment qu’on ressent en lisant ce livre face aux malheureux destins de ces femmes, à ce qu’elles endurent. On a envie de les aider et non de répéter cette injonction hypocrite « Patience, patience » comme le reste de leur entourage. C’est un roman très touchant et bouleversant qui repose sur la question universelle des violences faites aux femmes.

« La patience est un art qui s’apprend patiemment. » Grand corps malade

Marine

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 8 Décembre 2020

Saturne by Sarah Chiche - ebooks gratuits télécharger

« On dit que saturne est la planète de l’automne et la mélancolie »

     Dans une chambre au quatrième étage du « Splendid Hotel » un corps sans vie, enseveli sous une montage d’ordures. Allongée en chien de fusil, elle songe. Depuis combien de temps n’a elle pas vu la lumière du jour ? Dans son esprit, un véritable chaos, tout n’est que tempête, orage, frénésie où luttent les bribes de souvenirs d’un passé lointain, les images de son enfance en Algérie, les photos de son père…Pourquoi n’est-il pas là, pourquoi ne vient-il pas la chercher alors qu’elle va mal, ne voit-il pas qu’elle souffre ? Son père est décédé il y a bien longtemps alors qu’elle n’avait que quinze mois, victime d’une leucémie fulgurante, elle le sait pourtant. Mais elle refuse de le laisser partir ainsi, c’est un abandon, une trahison, il n’a pas le droit !

    Le lecteur est immergé dans la vie d’une jeune femme dont on ne connaît pas le nom, dans une histoire de deuil, mais aussi d’amour. L’amour qu’elle porte à son père, dont elle retrace l’existence : ses débuts à l’école pour devenir médecin, sa passion pour l’astronomie, sa rencontre avec sa future femme. Elle raconte ainsi par fragments la vie de celui qu’elle aurait voulu connaitre mais aussi la sienne, ses tentatives d’appels à l’aide, son désespoir grandissant au fur et à mesure que l’on avance dans les pages.

   Avec une violence inouïe et des propos morbides, une partie du récit évoque la guerre d’Algérie qui a sévi pendant l’enfance de l’héroïne. Cela le rend d’autant plus réaliste et fait écho à l'Histoire, permettant au lecteur d’avoir des repères spatio-temporels dans le brouillard permanent que crée le témoignage d’une fille perdue.

    Le lecteur est bercé par ses histoires remplies d’une joie sombre, à la fois enfantines et crues, douces mais témoignant d’une véritable souffrance : la dépossession de soi, les remords, le suicide. Ce mélange créé par l’écriture de Sarah Chiche produit un roman au réalisme psychologique digne des plus grands auteurs. Le récit résonne en nous à la manière de la femme qui se raccroche au passé comme à une bouée de sauvetage, peut-être ce livre est-il la bouée de sauvetage de Sarah Chiche après tout, car cette ambiguïté entre récit fictif et autobiographie reste un mystère.

     Le titre « Saturne »  nous rappelle celui de l’astre de la mélancolie. Mais c’est aussi un mot d’espoir, car si la planète affronte d’éternelles tempêtes, ce n’en est pas moins la plus belle. Ce livre poignant est une révélation, il nous apprend qu’il faut parfois accepter de laisser mourir pour accepter de vivre.

    « J’entre dans l’automne de Saturne. Et sur la route où je pars, seule, mais avec mon père, seule, mais avec ceux que j’aime, seule, mais avec les mélancoliques, les amoureux les endeuillés et les intranquilles, seule, mais cachée dans la foule des vivants et des morts, tout est perdu, tout va survivre, tout est perdu, tout est sauvé. Tout est perdu. Tout est splendide. »

Un livre bouleversant.

Mélanie 

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 8 Décembre 2020

Un Yogi bipolaire

Une couverture vide et simple, un titre court et une quatrième de couverture accrocheuse, Yoga est un récit qui entremêle méditation et dépression « des choses qui n’ont pas l’air d’aller ensemble/ en réalité, si : elles vont ensemble ».

« Puisqu’il faut donc commencer quelque part, je choisis ce matin de janvier 2015 ». Emmanuel Carrère, âgé alors de la soixantaine, passionné de la méditation et de yoga nous emmène avec lui dans un stage de dix jours sur le yoga. On pourrait se dire que ce livre nous décrira ses aventures durant ce stage. Pourtant non. Il va prendre une tout autre orientation. Revenons donc au point de départ. Emmanuel Carrère nous embarque avec lui dans un stage de méditation « Vipassana ». Des règles très strictes : pas de téléphone portable, ni de livre, aucun contact avec les autres participants afin de se trouver seul avec soi-même. On nous apprend dès lors, qu’il a souffert de plusieurs épisodes dépressifs. Tout se passe pour le mieux, il se plaît à nous parler de son expérience personnelle sur le Yoga : comment respirer, comment ne penser à rien, comment faire du Yoga en général...

C’est tout ?

Tout vient à point à qui sait attendre. Rapidement Emmanuel Carrère tombe dans une dépression sévère, liée à un diagnostic de bipolarité tardif. Il en vient à demander l’euthanasie. Il est hospitalisé à Saint-Anne durant quatre longs mois, où il subit un traitement sous électrochocs (ETC) afin de provoquer « une sorte de reset » dans son esprit. Durant cette terrible période, a lieu l’attentat contre Charlie Hebdo où son ami Bernard Maris laisse la vie.

Mais pourquoi ce livre est-il intéressant ? Pourquoi nous captive-t-il autant ?

Ce récit mêle une multitude de sujets. Le yoga, passion de l’auteur qui, on le perçoit clairement, adore nous raconter ses expériences. C’est aussi un récit autour de la psychologie, du développement personnel « Pourquoi l’homme est-il sur terre ? Réponse : Pour contempler le ciel. Pour contempler le ciel ? Si c’est vrai, la plupart des hommes ne le savent pas. La plupart se croient sur terre pour trouver l’amour, devenir riche, exercer un pouvoir [...] » On trouve énormément de citations amenant à la réflexion, que ce soit à propos de la vie, la médiation ou même l’amour.

Une très forte sensibilité nous accompagne au long du récit. Le malheur d’un pauvre homme voulant écrire un simple livre sur le Yoga. Les désastres liés à sa dépression et sa bipolarité. L’envie de l’euthanasie. Le décès d’un de ses amis, Bernard Maris. Ce livre est en quelque sorte un point de recul pour l’auteur qui l’amène à se rendre compte de l’horreur qu’il a traversée.

Il est possible de passer à côté du livre, il est possible de s’y perdre, comme il est possible de ne pas aimer. A vrai dire, il dépend de la perception et des goûts de chacun. Pour ma part, je l’ai trouvé plein de bon sens et de réflexion. On voit peu de livres autobiographiques nous parler de la dépression, tel que Emmanuel Carrère l’a fait.

L’écrivain a une façon d’écrire très prenante, qui m’a charmée dès le début. Il arrive à nous concentrer de telle sorte qu’on ne s’en lasse jamais. Un très beau livre, une histoire passionnante et sensible, un personnage attachant et aimable.

Soyons calme, soyons zen, soyons fort, soyons Emmanuel Carrère.

 

Léonie, 1G2

Emmanuel Carrère - Yoga

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 7 Décembre 2020

Djaïli Amadou Amal, Les Impatientes

Une vie imposée

    « Au bout de la patience, il y a le ciel. » C’est ce qu’on ne cesse de dire dans le pays de Ramla, où les femmes ne peuvent pas choisir leur vie : les hommes choisissent pour elles au nom de la religion, d'une coutume. Elles doivent être patientes ! Dans le roman nous suivons trois d’entre elles, qui verront leur vie bousculées grâce, ou plutôt à cause du mariage. Mais « Munial ! Patience ! », elles finiront par s’y habituer. « Munial ! Patience ! » dans tous les cas, il n’y a pas d’autre choix, « tout est entre les mains du créateur » ! Hindou est contrainte d'épouser son cousin alcoolique et violent, Ramla, sa demi-sœur, devient la seconde épouse, également contre son gré, d'un homme riche de cinquante ans. Safira, la première épouse, la « daada-saaré » est jalouse et prête à tout pour évincer sa concurrente.

Mais qu’est ce qu’est-ce que la patience ? Accepteront-elles la vie qu’on leur impose ?

    Ces arrangements entraînent une véritable révolte que décrit Djaïli Amadou Amal. Une révolte et un combat contre les violences conjugales, contre le mariage forcé et la polygamie, contre cette société plus qu’inégalitaire ! Être femme dans ce pays c’est être esclave d’un homme et parfois de sa famille, vivre dans la douleur et la souffrance, subir et surtout ne pas se plaindre, car tel est leur destin. Face à leur révolte, on ne cesse de leur répéter ce mot « Munyal ! » qui revient avec force de très nombreuses fois, comme une lame lancinante qui déchire leur vie ; c’est une véritable injonction envers ces femmes qui ne connaissent que la soumission. « Accepter tout de nos époux. Il a toujours raison, il a tous les droits et nous, tous les devoirs. Si le mariage est une réussite, le mérite reviendra à notre obéissance, à notre bon caractère, à nos compromis ; si c'est un échec, ce sera de notre seule faute. Et la conséquence de notre mauvais comportement, de notre caractère exécrable, de notre manque de retenue. » Ces femmes sont obligées de sacrifier tous leurs projets pour devenir les esclaves d’une vie assommante.

    C'est un roman révoltant qui décrit le calvaire, la vie accablante que vivent Ramla, Hindou et Safira : elles doivent faire de nombreux compromis, et plus encore, pour honorer leurs familles. Ce texte bouleversant est inspiré de faits réels, de l'expérience de nombreuses femmes, dans l'indifférence de tous. Il dénonce les conditions dans lesquelles vivent ces femmes musulmanes. L’auteure, inspirée de sa vie, décrit précisément une réalité qui donne envie de hurler avec elles ! Grâce à son récit envoûtant, nous pouvons facilement imaginer les scènes évoquées et l’auteure parvient à nous transporter au sein de cette idéologie écœurante. Aujourd’hui des femmes vivent encore cette vie qu’elles n’ont pas choisie. Ce processus « traditionnel » est raconté avec beaucoup de force et de subtilité. Djaïli Amadou Amal va droit au but et aborde directement la question, sans tabou, elle dévoile tout sur le thème douloureux du mariage forcé.

    Parfois la « patience » ne suffit pas, ce roman est l’espoir de femmes piégées, mais c’est avant tout le résultat d’un combat qu’elles mènent tous les jours.

Camille

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 7 Décembre 2020

Irène Frain, Un crime sans importance

Une obsession interminable

            Entre questions et réponses, le chemin est long.

Et ça, Irène Frain le sait bien. Tout au long de deux longues années à chercher la réponse au meurtre de sa sœur, « la femme au long manteau bleu-noir » nous amène avec elle dans ses investigations, dans ses craintes, dans sa colère, mais aussi dans son passé et partage ses moments de joies et de pleurs. Elle est prête à tout pour rendre justice à sa sœur qu’elle aimait tant, qui était son modèle, et cela, malgré de longues années de séparation. Ses investigations vont être une thérapie pour elle, afin d’apaiser des pensées. Des souvenirs lointains et oubliés vont ressurgir et vont lui faire découvrir des aspects de sa famille, qu’elle n’avait jamais remarqués auparavant. Son histoire n'est pas tout repos, entre recherche d’un coupable et actions vers la justice, la narratrice est sans aide mais se bat afin d’obtenir la vérité.

C’est par le rire, le chagrin, la compassion, qu’Irène Frain nous fait découvrir son histoire. Une montagne russe de sentiments, qui nous mène du désespoir à l’espoir. Un récit poignant narré avec le cœur, qui nous fait voyager dans le temps et dénonce des problèmes incompréhensibles. Des crimes à répétition sur des personnes sans défense, une justice lente et inefficace, des serial killer en liberté. Elle nous donne l’envie de toujours vouloir en savoir plus et de connaitre le coupable. Mais c’est aussi un récit très ouvert, où elle se confie, nous dévoile beaucoup de choses personnelles. Elle partage avec précision des moments de sa vie ainsi que ses pensées et ses imaginations. La narratrice, montre que si le chemin est trop long, on n’arrive jamais au bout. Elle préfère ne jamais tourner la page, mais seulement patienter, se contenter de ce qu’elle a, tout en avançant doucement.  

Les péripéties d’Irène Frain apprennent beaucoup sur la vie, car elle a vécu de nombreuses choses avec cette histoire, elle sait donc de quoi elle parle. Elle nous conseille de réfléchir avant d’agir, de prendre les bonnes décisions et de ne pas aller trop vite. Elle nous incite à surmonter nos craintes, à ne pas nous laisser abattre, et même à nous battre, car tout le monde doit connaitre la vérité.

Nolann, 1G2

 

 

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 7 Décembre 2020

Rencontre du deuxième type

« Il est quelque chose qui surpasse toujours la connaissance, l’intelligence, et même le génie, c’est l’incompréhension. »

Durant un vol partant de Paris à destination de New-York, un avion est contacté par l’armée américaine qui contraint le commandant de bord Marker à atterrir dans une base militaire. Elle mentionne un certain protocole 42 et menace « d’abattre l’aéronef » s'il refuse d’obtempérer. Alors viennent des questions : qu’est-ce que le protocole 42 ? Et pourquoi l’armée les menace-t-elle ? Elles trouveront leurs réponses dans le roman.

Hervé le Tellier commence par nous présenter certains des passagers du vol en question. Chacun d’eux a une histoire particulière et intéressante comme Black, le tueur à gage ; Joanna, une avocate ; Slimboy, une pop star nigérienne ou encore David atteint d’un cancer du pancréas. Un des passagers du vol est traducteur, mais également auteur d’un livre intitulé L'anomalie qui fait référence à ce livre donc. Cela peut être perçu comme une facétie de l’auteur. Il y a tout de même un point négatif : il est assez fréquent de trouver une présentation qui se termine en queue de poisson.

On peut aussi insister sur le genre littéraire de cette œuvre, car même si ce roman d’anticipation se déroule en 2021, soit seulement un an après sa parution, il induit une succession de questions auxquelles personne ne pourra jamais répondre. Et si tout n’était qu’illusion ? Et si, les arbres, le ciel, les animaux ou même encore les pensées et les sentiments étaient inscrits dans des lignes de code ? Et si ces lignes de code avaient été rédigées par des êtres supérieurs dans le but de nous tester ? Mais dès lors, comment la population réagirait-elle si cette hypothèse était avérée ? Mais il est presque impossible « de trouver une expérience qui invaliderait l’hypothèse, puisque […] la simulation fournirait un résultat prouvant le contraire ». De plus si cette hypothèse est vraie, alors la religion, qui est aussi un thème phare du roman, trouverait un argument infaillible pour expliquer des phénomènes tels que celui d’une vie après la mort, « une fausse vie après une fausse mort ».

On trouve aussi dans ce roman beaucoup de références cinématographiques à Star trek, Matrix, Interstellar ou encore à Rencontres du troisième type. Ce dernier revient souvent, notamment durant une séquence d’interrogatoire où les questions sont les mêmes que celles de l’interrogatoire du film, ce qui très déstabilisant car les questions n’ont strictement aucun rapport avec la situation du livre.

            Comme vous l’aurez compris, l’anomalie est un roman qui fait beaucoup réfléchir car il emmène le lecteur bien au-delà de la frontière du réel en assumant son ancrage dans le virtuel.

Gaston 1G2

Hervé Le Tellier -  L'anomalie

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 7 Décembre 2020

        Mariage forcé, viol conjugal, polygamie. Djaïli Amadou Amal brise les codes en dénonçant la brutalité physique, mais aussi psychologique que subissent les femmes du Sahel. Djaïli Amadou Amal est une femme de lettres camerounaise et une militante féministe. Mariée à dix-sept ans, dans le cadre d’un mariage forcé, elle a connu tout ce qui rend difficile la vie d’une femme du Sahel. 
          Trois femmes, trois histoires et trois destin liés. Ce roman retrace la vie de la jeune Ramla, dix- sept ans arrachée de son amour pour se marier de force avec Alhadji Issa, un homme riche et déjà marié. Hindou sa sœur du même âge subit également un mariage forcé avec Moubarak son cousin, un homme alcoolique, trompeur, mais surtout violent. Quant à Saphira, trente-cinq ans, elle subit la polygamie de son mari avec Ramla, elle ne voit pas ce mariage d’un très bon œil et va donc tout faire pour que celle-ci soit répudiée.
       Patience ! Voilà le seul conseil de leur famille, car il est impensable d’aller contre la volonté d’Allah. 

          Qu’est-ce qui nous retient attaché à ses pages ?

          Djaïli Amadou Amal nous livre un récit bouleversant sur les violences faites aux femmes. Ce roman qui me rappelle mes origines met en valeur la situation des femmes du Sahel. C’est un récit entraînant, mais aussi poignant, car il témoigne de la réalité. Ces femmes sont soumises à une vie précoce, elles sont comme des lionnes en cage sans pouvoir se libérer de cette souffrance. C’est un récit rempli de tristesse, raconté avec douceur et sagesse, dans lequel les mots nous emportent dans un monde inconnu. Ces femmes subissent des viols conjugaux, elles sont battues, humiliées. Mais elles subissent également une violence économique car on les empêche de finir leurs études, de se former ou encore même de travailler ; elles ne sont pas indépendantes. On ne leur donne pas la possibilité de rêver et de choisir ce qu’elles veulent faire de leur vie, mais la volonté d’Allah les oblige à garder pied. L’auteure dénonce toutes ces injustices et appelle à une prise de conscience pour que cela cesse. Ce récit émouvant, nous donne envie de nous battre et de montrer que les choses doivent, mais surtout peuvent changer. Il nous entraîne dans un univers et un monde inconnu, que vous aussi pouvez découvrir si vous prenez le temps d’y jeter un œil. 

          Patience et tu verras.
          Patience et le bonheur arrivera.
          Patience et ma vie s’arrangera.
        Ces quelques mots sont les leurs, ceux de Ramal, d'Hindou et de Safira, elles doivent les introduire en elles qu’elles le veuillent ou non.


Erwana 

 

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 7 Décembre 2020

L'Enfant céleste de Maud Simonnot

Invitation au voyage 

Partons à la rencontre de deux personnages prisonniers de leurs blessures et accompagnons-les vers leur renaissance tout au long de leur cheminement libérateur.

Pour son deuxième roman, intitulé L’Enfant céleste, Maud Simonnot nous emmène à la découverte de l'île légendaire de Ven, en Suède. C'est une histoire à deux voix, celle de Mary, femme prise dans les tourments d'une rupture sentimentale, et de Célian, son fils, enfant surdoué et rêveur, que le système scolaire rejette. La mère et l'enfant entreprennent un voyage sur l'île de Ven, un écrin de nature et d'étoiles en Suède.

C’est une aventure pour cette mère qui décide de tout plaquer pour emmener son fils sur cet îlot de légende, un coin de paradis qui les fait rêver. Le choix est raisonné, car c'est une terre mythique qui a accueilli au XVIème siècle, Tycho Brahe, un illustre astronome danois de la Renaissance, fondateur du premier observatoire et surtout inspirateur d'Hamlet de Shakespeare. Un personnage qui éveille l'admiration de Mary et Célian.

Sur cette île, mère et fils se découvrent moins fusionnels, chacun va développer ses aspirations et vivre avec des personnes qui, par leur situation géographique, sont ancrées dans ce territoire. Il est fascinant de voir comment Mary et Célian se coulent avec aisance dans le monde de Solveig, leur logeuse sur l'île, dans celui d'un marin et d'un spécialiste de Shakespeare et de Brahe.

Dès le premier contact avec le livre, la couverture annonce la couleur : un bleu qui évoque le ciel, l’eau, la mer, l’espace, l’air et les voyages. Ses tons clairs nous font dériver vers des horizons de merveilleux, de liberté, de rêve et de jeunesse et nous incitent à nous laisser glisser dans cette ambiance. Le périple ressemble véritablement à une évasion : une écriture limpide, une nature généreuse qui invite à oublier ses blessures. Le voyage permet avant tout de renouer avec des plaisirs simples pour vivre des instants magiques. L’amour maternel que porte Mary à son fils et à sa fragilité sont touchants.

A travers ses 162 pages, l’auteure nous captive par son invitation à débrider notre sensibilité, à préserver la forêt imaginaire de notre enfance, à rêver d’une île... pour mieux s’ouvrir au monde, un monde où les problèmes s’envolent pour laisser place à un apaisement intérieur. Maud Simonnot fait de ce roman, aux courts chapitres, un magnifique récit d’exploration sur des terres inconnues. Un voyage tout en délicatesse, en observations et quête de connaissances. L’auteure intègre à son récit les controverses concernant Shakespeare avec cohérence et fluidité. Cette lecture nous encourage à découvrir le curieux Tycho Brahe à travers une constellation d’histoires, sur lequel Maud Simonot se repose pour évoquer la beauté de la nature. L’écriture est accessible et nous permet de comprendre facilement l’histoire, mais le style peut toutefois se révéler trop simpliste et décevoir l’attente littéraire du lecteur.

Portée par la poésie, cette lecture nous fait côtoyer les étoiles et dévoile la magie présente dans les moments les plus ordinaires de la vie.

 

Clara 1G2

Voir les commentaires

Repost0